Un peu d'histoire…

 

Quatre ouvrages principaux font référence sur l’histoire de Gerberoy. Le plus ancien est celui du Chanoine Pillet qui fut un des chanoines de la ville dont le petit jardin jouxtant la collégiale (anciennement le cimetière) porte aujourd’hui le nom en référence à la proximité de sa maison.

Les trois autres sont plus récents et leurs auteurs –René Pinon, Rémy Le Sidaner et Hélène d’Argœuves– ont été gerboréens et leurs familles liées à la préservation de Gerberoy tout au long du XXe siècle. Voici un extrait de chacun de ces trois livres, suivi d’un petit texte sur les chanoines (écrit par un gerboréen féru d’histoire !)  et d’un diaporama de vielles cartes postales.

 

Gerberoy, place frontière

Parmi les roses la petite ville de Gerberoy se souvient à peine d’avoir été une forteresse redoutable. Pourtant sa vie paisible ne commence qu’avec le XVe siècle. Jusque là elle a subi des assauts, soutenu des sièges, retenti au choc des armures, du cri des mourants, de la ruée brutale des guerriers. Son histoire est toute de sang et de misère.

Nous avons quelque peine aujourd’hui à nous représenter que Gerberoy fut l’une des sentinelles de la frontière française. De l’autre côté de l’Epte commençait la Normandie anglaise et longtemps ennemie. Depuis que, par le traité de St-Clair-sur-Epte, en 912, le roi Charles le Simple, afin d’arrêter les ravages des aventuriers de Northmans en les fixant au sol, a concédé en fief la Normandie à leurDuc Rollon, jusqu’à la fin de la guerre de Cent ans, la France et la Normandie ont été ennemies et se sont combattues avec acharnement. Quand Guillaume-le-Bâtard, duc de Normandie eut conquis l’Angleterre en 1066, il devint plus puissant que son suzerain et il fallut que les rois de France défendissent âprement contre lui leur territoire.

René Pinon – Gerberoy

 

Le nom de Gerberoy

Gerboredum était le nom officiel de Gerberoy (NDLR : de l’époque gallo-romaine).

Comme l’a montré Albert Dauzat, l’origine n’est pas le Gairbert de Soubeiran, mais le latin Garbarium, Gerbier, tas de gerbes, qui a donné le vieux français Gerber, moissonneur, et explicite les armes de la ville formée de trois Gerbes de blé d’argent sur un champ de gueules.

Vers le milieu du XIIe apparaissent les premières tentatives de francisation du nom, comme le Gelberoi de Robert Wace. Un bail au chapitre d’Amiens marque une étape avec Riccardus de Gerberro en 1167 ; on trouvera ensuite Girberroi dans un diplôme de Philippe Auguste, en 1203. Plusieurs orthographes seront proposées à cette époque avec la terminaison « roi ».

Pendant un certain temps encore les évêques continuent à écrire Gerboredum (ou Gerboretum), puis des conventions de l’église conduisent à traduire « edum » (ou etum) par « ay ». L’orthographe logique serait donc Gerberay, et en fait c’est celle adoptée par la plupart des historiens de la guerre de Cent ans. Pourtant, dans son dénombrement de 1454, notre évêque et vidame Guillaume de Hellande écrit officiellement Gerberoy.

Remy Le Sidaner – Gerberoy, boulevard du Beauvaisis

 

Début de la Guerre de Cent Ans

Dans cette longue guerre, que va devenir Gerberoy ? Clé du Beauvaisis et de cette Normandie, berceau de leurs rois, que les Anglais veulent garder à tout prix, c’est un enjeu que chacun se dispute.

En 1418, les Bourguignons s‘emparent de la petite ville, brûlent la collégiale et plusieurs maisons. Occupée ensuite par les Anglais, elle est reprise en 1432 par le comte de Clermont qui « ruine la place, dont les habitants ont fui, afin d’ôter tout moyen aux ennemis de la France d’y venir faire retraite ».

En 1436, Beauvais se plaint que les garnisons anglaises (ceux que l’on appelle les « Faux Visages ») de Gerberoy et de Clermont, détroussent les marchands qui leur apportent des vivres.

L’année suivante, la place est retombée entre nos mains, mais prête d’être assiégée et Geoffroy de Belun, neveu de la Hire, qui la commande, écrit « aux maires et pairs de la ville de Beauvais que pour tenir les Anglais, on lui induit 4 arbalètes, 2 couleuvrines, du trait, de la poudre et une somme de sel » ; mais Beauvais est si peu fournie elle-même d’engin pour se défendre, qu’on ne peut lui envoyer que du sel.

Hélène d’Argœuves – Gerberoy

 

Les chanoines

Au sens strict, c’est un dignitaire de l’Eglise qui fait partie du conseil de l’évêque, également appelé chapitre. Ce chapitre est chargé entre autres de dire le droit dans l’administration du diocèse. D’ailleurs, le mot est issu du latin canonicus, qui lui même vient du grec kanôn qui veut dire règle.

Le terme est usité à partir du VIe  siècle, mais la fonction est plus ancienne (après la dispersion, à la suite de la fondation des paroisses, de la communauté presbytérale qui vivait autour de l’évêque, les chanoines ont obtenu de vivre hors de l’évêché et en même temps ils reçurent une part des biens de l’Eglise : c’est la fameuse prébende).

La fonction de chanoine fut recherchée par les familles seigneuriales pour leurs cadets. Ils se réunirent en congrégations dont la plus célèbre existe toujours, ce sont les Prémontrés. Il existait aussi des chanoines laïques admis par honneur dans un chapitre : les rois de France y étaient de droit.

Leur costume se compose généralement d’un rochet brodé (aube à manches étroites) porté sous un camail ou mosette (courte pèlerine). Ils avaient également au bras l’Aumusse qui était une étole de fourrure. Au XVIII° siècle, ils portaient la perruque poudrée, d’où la présence à la Maison Bleue de Gerberoy d’artisans perruquiers.

La présence de chanoines à Gerberoy est attestée par les stalles (et miséricordes) de la Collégiale, et par de nombreuses maisons. Dès le XI° siècle il y avait 26 chanoines et leur nombre doublera au fil des siècles.

Les droits de justice étaient partagés entre le Vidame et le chapitre des chanoines. Chacun avait sa juridiction propre, ce qui amenait des tensions qui ont parfois demandé l’arbitrage de pape.

 

Vieilles cartes postales